Les domaines BERNARD MOUEIX,

                                                             une belle aventure familiale !

Les domaines BERNARD MOUEIX,

                             une belle aventure familiale !

Les domaines BERNARD MOUEIX,

                une belle aventure familiale !

 

ur cette page, je vous emmène dans cet univers du vin que je ne cesse de découvrir depuis que j’ai repris la conduite des propriétés familiales. J’y raconte l’histoire de ma famille : nos origines corréziennes, les 4 générations qui ont bâti un héritage riche et que je cultive aujourd’hui avec mon mari Cyril Basteau. Je relate également nos débuts en viticulture et comment nous faisons le vin : nos questionnements, nos partis pris, notre état d’esprit, mais aussi l’importance du savoir-faire et de l’intuition lors des vendanges ou de l’assemblage. Je vous livre enfin des anecdotes, des rencontres et des temps forts qui ont marqué notre parcours et qui font toute la richesse de ce métier.

Claire Moueix

ur cette page, je vous emmène dans cet univers du vin que je ne cesse de découvrir depuis que j’ai repris la conduite des propriétés familiales. J’y raconte l’histoire de ma famille : nos origines corréziennes, les 4 générations qui ont bâti un héritage riche et que je cultive aujourd’hui avec mon mari Cyril Basteau. Je relate également nos débuts en viticulture et comment nous faisons le vin : nos questionnements, nos partis pris, notre état d’esprit, mais aussi l’importance du savoir-faire et de l’intuition lors des vendanges ou de l’assemblage. Je vous livre enfin des anecdotes, des rencontres et des temps forts qui ont marqué notre parcours et qui font toute la richesse de ce métier.

Claire Moueix

CULTIVER
SON HÉRITAGE

1905 – 2013

orsque je raconte l’histoire de ma famille et que je parle des propriétés, on me répond invariablement que j’ai beaucoup de chance. C’est vrai, c’est une formidable opportunité de les conduire et de façonner leur vin. Mais reprendre le flambeau, c’est aussi l’engagement d’une vie et une responsabilité forte vis à vis des générations qui l’ont transmis. Au demeurant, la clé de voûte de mon héritage n’est pas matérielle ; c’est avant tout un état d’esprit.
orsque je raconte l’histoire de ma famille et que je parle des propriétés, on me répond invariablement que j’ai beaucoup de chance. C’est vrai, c’est une formidable opportunité de les conduire et de façonner leur vin. Mais reprendre le flambeau, c’est aussi l’engagement d’une vie et une responsabilité forte vis à vis des générations qui l’ont transmis. Au demeurant, la clé de voûte de mon héritage n’est pas matérielle ; c’est avant tout un état d’esprit.

Un pionnier corrézien

Au début du XXème siècle, toute la famille Moueix habite en Corrèze. Ils sont agriculteurs-éleveurs de père en fils et vivent très simplement. Antoine, mon arrière-arrière-grand-père, découvre, lors de son service militaire à Libourne, les vignobles bordelais et en devine le potentiel. Courageux et plein d’audace, il décide de quitter sa famille et ce destin tout tracé pour se lancer dans le commerce de vin.

Refusant son héritage de pauvreté, Antoine a réinventé sa destinée.

Avec pour seule richesse, son énergie et son bon sens, il commence par vendre au porte-à-porte les crus bordelais dans le nord de la France. Son affaire fonctionne si bien qu’il crée en 1905 sa maison de négoce, Antoine Moueix & fils. Une fois installé, il décide de devenir viticulteur et choisit pour sa toute première acquisition le Château Taillefer en 1923. C’est le début d’une belle aventure familiale.

Les passeurs

Son fils, Jean-Marie, son petit-fils, Marcel puis son arrière-petit-fils, Bernard, continuent de développer la maison de négoce et d’enrichir le patrimoine viticole familial. Dans les années 1960, ma famille possède jusqu’à 120 hectares de vignes à Pomerol et Saint-Émilion. Ils se passent le relai, parfois avec abnégation, chacun dans son époque avec son lot de réussites et de difficultés. Ils apportent tous leur pierre à l’édifice et transmettent à leur tour un patrimoine à leurs enfants. C’est ainsi que mon frère et moi héritons de deux propriétés viticoles :

le Château Taillefer à Pomerol et le Château Tauzinat l’Hermitage à Saint-Émilion.
Mon héritage familial est multiforme. Ce sont des domaines viticoles, mais aussi un nom, une histoire, des savoir-faire, et surtout, l’esprit d’entreprise et l’amour du bon vin. En prenant la suite de mes parents, je réalise à quel point cet héritage me transforme et me traverse : l’accepter c’est l’investir, l’entretenir matériellement et le faire vivre socialement, pour le transmettre aux générations suivantes.
« Mon héritage est à la fois une chance et un poids,

le challenge et l’engagement d’une vie. »

CLAIRE MOUEIX
« Mon héritage est à la fois une chance et un poids, le challenge et l’engagement d’une vie. »
CLAIRE MOUEIX
« Mon héritage est à la fois une chance et un poids, le challenge et l’engagement d’une vie. »
CLAIRE MOUEIX

Un regard nouveau

Être la 5ème génération à perpétuer la tradition familiale, devenir chef d’entreprise et élaborer 2 grands vins sur 2 beaux terroirs bordelais, quels beaux challenges !
Avant de me lancer en viticulture, j’étais directeur de projet depuis plusieurs années chez Bouygues Télécom à Paris. Fortifiée par cette expérience, j’ai accepté de relever ce défi passionnant. Ma reconversion professionnelle a débuté par un Mastère en gestion de domaines viticoles, suivi de 2 stages : le premier à Petrus où j’ai appris à aimer le métier de viticulteur ; le second à Cheval Blanc où j’ai rencontré Cyril Basteau, jeune et dynamique ingénieur agronome et œnologue.

En janvier 2013, mes parents me confient les propriétés. Je peux alors établir ma propre vision des vins, ma philosophie de travail et mon équipe. Immédiatement, j’appelle Cyril et l’invite à me rejoindre comme responsable technique. Nous partageons la curiosité et l’envie d’élaborer de grands vins ainsi qu’une belle amitié.  À nous de jouer !
Travailler ensemble, partager les grosses journées de travail, les coups durs et les fous rires enrichissent notre relation. D’ailleurs cela marche si bien qu’aujourd’hui nous formons un beau duo sur les propriétés et dans la vie !

Une rencontre

Sur les propriétés, je perçois au quotidien le travail des générations précédentes. Le cuvier a été construit par mon arrière-arrière-grand-père puis amélioré petit à petit. Les parcelles de vignes ont été entretenues et replantées par les générations successives. Aujourd’hui, Cyril et moi continuons ce travail et replantons actuellement 2 Ha à Pomerol. Mais c’est lors d’une dégustation qu’une connexion particulière s’est créée. À nos débuts sur les propriétés, Denis Hervier, journaliste et amateur de vieux vins, nous propose de faire une verticaleUne verticale est une dégustation d’un même vin dans différents millésimes pour apprécier son évolution.
du Château Taillefer.

Le vin raconte une histoire, celle de son terroir et celle de ma famille.

Jusqu’alors, nous n’avions jamais osé ouvrir ces flacons si précieux, et nous n’avions aucune idée de ce que nous allions découvrir…. Nous avons sélectionné un joli millésime par décennie et là, quelle belle surprise ! Il y a de la vie ! Le vin a une fraîcheur surannée, il raconte une histoire, celle de son terroir et de son millésime; mais aussi celle de ma famille : “le millésime 1961 fut élaboré par mon arrière-grand-père, le 1975 par mon grand-père et le 1982 par mon père..”

Quelle rencontre émouvante et inattendue !

DEVENIR
VITICULTEUR

2013 – 2015

DEVENIR
VITICULTEUR

2013 – 2015

es premiers pas en viticulture, je les ai faits comme ouvrière viticole. On me donnait des tâches dites « faciles » telles que l’habillage des bouteilles ou les façons culturales.Les façons culturales sont les travaux réalisés à la main dans les vignes : taille, pliage, calage, épamprage, ébourgeonnage, levage, décavaillonnage, effeuillage et éclaircissage. Des opérations si simples en apparence, qu’on ne les explique ni à l’école ni sur le terrain. J’ai pourtant fait face à une multitude de déconvenues et de questions, car croyez-moi, coller parfaitement droit une étiquette sur une bouteille n’est pas si évident ! J’ai alors compris que je devrai m’armer d’humilité et de patience pour faire face au moindre petit détail qui jalonne ce métier. Être viticulteur, ça ne s’improvise pas !
es premiers pas en viticulture, je les ai faits comme ouvrière viticole. On me donnait des tâches dites « faciles » telles que l’habillage des bouteilles ou les façons culturales.Les façons culturales sont les travaux réalisés à la main dans les vignes : taille, pliage, calage, épamprage, ébourgeonnage, levage, décavaillonnage, effeuillage et éclaircissage. Des opérations si simples en apparence, qu’on ne les explique ni à l’école ni sur le terrain. J’ai pourtant fait face à une multitude de déconvenues et de questions, car croyez-moi, coller parfaitement droit une étiquette sur une bouteille n’est pas si évident ! J’ai alors compris que je devrai m’armer d’humilité et de patience pour faire face au moindre petit détail qui jalonne ce métier. Être viticulteur, ça ne s’improvise pas !

D’abord, observer et écouter

Lors de nos premiers millésimes (2013-2015), Cyril et moi avons commencé par observer les vignes, étudier les techniques et les outils, écouter attentivement les anciens. Avec l’enthousiasme et la curiosité du débutant, nous avions l’envie de percer le mystère d’un secret trop bien gardé : « Qu’est-ce qu’un grand vin ? »
Rapidement, nous avons mesuré l’importance du savoir-faire, certainement la vraie richesse du viticulteur. Prenons l’exemple du collage du vin. Cette opération traditionnelle, connue depuis l’époque romaine, sert à stabiliser et peaufiner le vin. Cyril vous dira que sur les bancs de la fac d’œnologie on apprend par cœur la liste des colles et leur formule, rien de plus simple en théorie ! Dans la pratique, c’est une autre histoire …

Le savoir-faire est la vraie richesse du viticulteur.

Si vous demandez à un winemaker ses préconisations, il vous répondra : jusqu’à 8 blancs d’œufs par barrique dans le Médoc, maximum 3 dans le libournais, les geeks vous diront que les autres colles donnent de très bons résultats alors que d’autres préfèrent ne pas coller… Bref, il y a autant de styles que d’interlocuteurs ! « Quelle colle et à quelle dose, par quelle méthode et avec quels outils…» sont les premières questions d’une longue liste, et cela, pour cette seule et même opération. Et lorsque l’on se rend compte, un an plus tard, que le vin du millésime suivant est suffisamment différent pour que les modalités de chaque opération changent, on devine alors qu’il n’y a pas de recette !

Puis se lancer dans le jeu

Progressivement, nous avons repris en main toutes les activités de l’entreprise viticole (la vigne, le chai, mais aussi l’administratif, la commercialisation…). Comprendre et maîtriser chaque détail devient alors notre obsession et pour cela, pas de secret : « C’est en forgeant qu’on devient forgeron ». Au vignoble, nous faisons tous les travaux en vert, de la taille jusqu’aux vendanges, pour apprendre le geste du vigneron. Au chai, nous investissons les lieux : des vinifications à la mise en bouteille, nous faisons le vin.
Très vite, nous avons été confrontés à une myriade de problèmes : de la panne de matériel à l’accident climatique, ou encore, du simple fait de nos erreurs.

Une de mes hantises se trouve dans une opération simple et régulière : l’ouillage. En effet, le vin de nos propriétés est élevé pendant un an dans 300 barriques que nous devons maintenir pleines pour éviter l’oxydation voire la piqûre.La piqûre acétique est une maladie du vin due à une déviation microbienne. En présence d’oxygène, les bactéries acétiques se multiplient et transforment l’alcool en acide acétique, principal composé du vinaigre. Mais imaginons qu’un étourdi oublie d’en refermer une et que le vin tourne au vinaigre… c’est alors l’équivalent de 300 bouteilles et d’une barrique achetée 850 € pièce de perdus ! Que faire lorsque l’on s’aperçoit du problème ? Refermer la barrique discrètement et sans rien dire, ou prendre son courage à deux mains et assumer ? Car il n’existe malheureusement pas de solution miracle pour remédier à nos erreurs, aussi petites soient-elles.

Et accepter de ne pas tout maîtriser

L’aspect qui m’a longtemps été difficile à accepter dans le métier de viticulteur, c’est le temps. Le temps qu’il fait et le temps qui passe, tous deux s’imposant à nous. Notre quotidien est rythmé par la météo, la croissance des vignes et l’évolution des vins.
Dans le vignoble, nous ne sommes pas maîtres du calendrier. Nous n’avons qu’un court laps de temps pour effectuer chaque opération, surtout quand il faut slalomer entre les averses printanières. Pour tenir la cadence, une seule solution : réaliser le bon geste, avec le bon outil et au bon moment; pas si simple !

Étonnamment au chai, la météo a aussi son influence et le temps y prend une autre dimension : élaborer un grand vin prend du temps. Reprenons le cas du collage. Une fois injectée dans le vin, la colle sédimente par gravité et entraîne les particules non stabilisées au fond de la cuve. Cette opération naturelle prend un mois, au bout duquel nous pouvons soutirerLe soutirage consiste à séparer le vin de ses lies (résidus de fermentation, tartre précipité, colle). Après décantation, le vin clair est transvasé dans un autre récipient (fûts, cuves) tandis que les lies qui se sont déposées au fond sont retirées. Quand la pression atmosphérique est basse, la météo est perturbée et une partie des lies se remet en suspension, le soutirage du vin est alors inefficace.
le vin. Mais si à terme la météo est perturbée, il faut alors attendre, parfois plusieurs semaines, le retour du beau temps pour réaliser cette opération …

haque millésime est pour nous un challenge et l’opportunité d’approfondir notre savoir-faire. À la fois technique, empirique et intuitif, nous le cultivons sur le terrain, au rythme de la vigne et du vin. Notre savoir-faire est en perpétuelle évolution ; ce n’est ni une recette, ni un sésame, mais plutôt une combinaison de maîtrise technique et de bon sens qui nous guide millésime après millésime pour donner à chacun de nos vins sa plus belle interprétation.
De la taille à la mise en bouteille, 3 années sont nécessaires pour élaborer le vin des Châteaux Taillefer et Tauzinat l’Hermitage. Dans le milieu, on entend dire qu’il faut dix ans pour maîtriser un terroir et un vin ; notre apprentissage ne fait que commencer !
haque millésime est pour nous un challenge et l’opportunité d’approfondir notre savoir-faire. À la fois technique, empirique et intuitif, nous le cultivons sur le terrain, au rythme de la vigne et du vin. Notre savoir-faire est en perpétuelle évolution ; ce n’est ni une recette, ni un sésame, mais plutôt une combinaison de maîtrise technique et de bon sens qui nous guide millésime après millésime pour donner à chacun de nos vins sa plus belle interprétation.
De la taille à la mise en bouteille, 3 années sont nécessaires pour élaborer le vin des Châteaux Taillefer et Tauzinat l’Hermitage. Dans le milieu, on entend dire qu’il faut dix ans pour maîtriser un terroir et un vin ; notre apprentissage ne fait que commencer !

FAIRE « SON » VIN

2015 – aujourd’hui

u’est-ce que le terroir ? Les amateurs de vin savent qu’il comprend le sol, le climat et le végétal. Les plus avertis vous diront qu’à tout cela s’ajoute un autre facteur : l’Homme.

Acteur majeur du terroir, il travaille le sol, plante des essences sélectionnées, remodèle les paysages et vinifie les raisins selon une méthode bien particulière. Bien que la règle du jeu soit énoncée dans le cahier des charges de l’AOP,L’Appellation d’Origine Protégée (AOP) est un signe officiel de qualité qui identifie une vigne cultivée et un vin élaboré sur un territoire défini. Elle prescrit des méthodes de production communes à tous les producteurs de l’AOP.
les vins produits sur un même site peuvent avoir des styles très différents car ils sont aussi à l’image des hommes qui les façonnent.

u’est-ce que le terroir ? Les amateurs de vin savent qu’il comprend le sol, le climat et le végétal. Les plus avertis vous diront qu’à tout cela s’ajoute un autre facteur : l’Homme.

Acteur majeur du terroir, il travaille le sol, plante des essences sélectionnées, remodèle les paysages et vinifie les raisins selon une méthode bien particulière. Bien que la règle du jeu soit énoncée dans le cahier des charges de l’AOP,L’Appellation d’Origine Protégée (AOP) est un signe officiel de qualité qui identifie une vigne cultivée et un vin élaboré sur un territoire défini. Elle prescrit des méthodes de production communes à tous les producteurs de l’AOP.
les vins produits sur un même site peuvent avoir des styles très différents car ils sont aussi à l’image des hommes qui les façonnent.

Bien-faire

Pour Cyril et moi, élaborer un vin c’est un peu comme élever un enfant : nous souhaitons qu’il exprime le meilleur de sa personnalité et la typicité de ses origines. C’est pourquoi la notion de « Bien-faire » nous guide au quotidien et nous nous attachons à appliquer deux principes.
Tout d’abord, récolter des raisins bien mûrs et sains. Ce premier objectif n’est pas si simple à tenir car la vigne est sensible à de nombreuses maladies.Nous parlons ici des maladies fongiques de la vigne : le mildiou, l’oïdium et le Botrytis. Elles sont dues à 3 champignons qui, quand ils s’installent dans les parcelles, provoquent des pertes de rendement voire une dégradation de la qualité du vin. Avec la rosée et les pluies, elles peuvent se développer sur les raisins, les gâter et nous obliger à avancer la date de vendange alors même que la maturité n’est pas optimale. Notre tactique pour faire face à cela ? De la prévention dans chacun de nos gestes. Les façons culturales Les façons culturales sont les travaux réalisés à la main dans les vignes : taille, pliage, calage, épamprage, ébourgeonnage, levage, décavaillonnage, effeuillage et éclaircissage.
favorisent l’étalement des grappes qui sèchent ainsi grâce au vent et au soleil. Le travail du sol évite que les mauvaises herbes, comme le liseron, ne montent dans les pieds de vigne et y mettent de l’humidité. Ces soins attentifs et minutieux, apportés tout au long de l’année, nous permettent de laisser mûrir sereinement les raisins durant l’automne !

L’homme est au cœur du terroir.

Puis, protéger le vin de deux déviances, l’une liée à l’oxygène, l’autre à l’hygiène de chai. Tout au long de l’élaboration du vin, l’apport d’oxygène est nécessaire pour la formation de sa structure tannique. Apporté en excès, il entraîne son vieillissement prématuré et lui confère un aspect tuilé ainsi qu’une aromatique fanée. Cyril et moi prenons donc soin d’appliquer des gestes protecteurs à chaque manipulation pour maîtriser cette prise d’oxygène. La préservation du vin passe aussi par un chai et du matériel impeccables. Il est vrai que le nettoyage d’une cuve est fastidieux : cela revient à lessiver une salle de bain entartrée du sol au plafond, mais pour nous pas question de s’en passer ! ce serait prendre le risque que le vin perde de sa netteté aromatique.
Vous l’aurez compris, le travail de la vigne et du vin n’offre ni retour arrière ni remède miracle, tout est dans la prévention. Ce fil rouge nous permet d’élaborer des vins vivants, à l’aromatique précise et éclatante et au potentiel de garde décuplé !

Suivre ses intuitions

La fameuse date des vendanges, tous les viticulteurs en parlent, mais qu’y a-t-il de si compliqué ? Le fruit est mûr et on le cueille, non ? En théorie, un raisin est mûr et prêt à être récolté quand il est à l’optimal de 3 maturités : le sucre, les arômes et les polyphénols.Les polyphénols sont des molécules fabriquées par la vigne à partir du sucre. Il y en a deux principaux : les anthocyanes qui sont des pigments rouges situés dans la pellicule et responsable de la couleur du vin, et, les tanins qui sont localisés dans la pellicule et les pépins et qui donnent au vin sa structure. Comme elles n’arrivent pas toutes en même temps, la date de vendange influence directement le style du vin : Récolté tôt, il est plus aromatique ; récolté tard, sa structure tannique est plus charpentée. Dans la pratique, il y a bien des analyses mais elles ne donnent aucune date ; le meilleur laboratoire reste notre palais !
Pendant le mois qui précède la récolte, nous passons régulièrement dans chaque parcelle pour goûter les baies : pulpe, pellicule et pépins sont passés au crible. 

À chaque passage, les baies sont plus sucrées, l’aromatique s’intensifie et passe du fruit frais (agrume, grenade, framboise) à mûr (cassis, fraise, cerise) puis au fruit sur-mûri (pruneau) avant de s’éteindre. Parallèlement, les tannins deviennent de plus en plus expressifs et passent d’astringents à granuleux, crayeux, sableux puis fins et élégants.
Lorsque les arômes et les tannins commencent à dévoiler leur potentiel, il faut alors bloquer la date de vendange. Avec l’expérience, nous apprenons à connaître chaque parcelle, sa potentialité et son comportement face aux pluies. Nous développons aussi notre mémoire gustative, très utile pour gagner en finesse dans notre prévision. Avec un œil sur la météo et le gout des raisins dans la bouche, nous attendons que les tannins s’arrondissent et que l’aromatique s’intensifie. Nous guettons le moment où chaque parcelle offrira sa plus belle expression pour cueillir ses fruits.

« Le meilleur laboratoire, c’est notre palais ! »
CYRIL BASTEAU
« Le meilleur laboratoire, c’est notre palais ! »
CYRIL BASTEAU
« Le meilleur laboratoire, c’est notre palais ! »
CYRIL BASTEAU

Trouver l’équilibre

L’assemblage est une étape clé dans l’élaboration du vin : c’est le moment où les lots issus des différentes parcelles sont associés pour donner vie au vin. Cette opération doit être réalisée avec une grande précision pour qu’il révèle son terroir, chaque millésime donnant lieu à un nouvel assemblage. La région bordelaise est particulièrement réputée pour ses vins d’assemblage, c’est de là que viendrait leur supplément d’âme…
Cette opération, particulièrement complexe, demande une bonne connaissance du domaine et un vrai talent en dégustation. La plupart des propriétés font appel à un consultant et nous avons la chance de travailler avec Éric Boissenot depuis le millésime 2015. Avec simplicité et honnêteté, il nous guide vers l’essentiel : l’équilibre du vin. Il n’impose ni sa signature ni son style. Le point de départ ? La personnalité du vin. À l’occasion de l’assemblage du Château Taillefer 2015, nous l’avons minutieusement décrit : « Le Château Taillefer est un Pomerol. Un vin de garde dense, complexe et élégant (…) ».

Mais comment va-t-on retranscrire dans le vin ces traits de caractère ? Comment assembler les 14 parcelles de merlot et de cabernet franc pour magnifier ce terroir ?
Une fois le cap fixé, l’assemblage peut commencer. Le cœur du vin est construit avec les vins de goutteLes raisins encuvés libèrent leur jus qui se transforme en vin lors de la fermentation. Une fois terminée, le vin est séparé du marc (pellicules et pépins). Le vin qui s’écoule par gravité est appelé vin de goutte. Le pressurage du marc donne le vin de presse, plus riche en couleur et en tannins. les plus équilibrés. Il est ensuite bonifié par l’ajout de lots plus souples et acidulés qui apportent de la gourmandise, puis par les vins de presseLes raisins encuvés libèrent leur jus qui se transforme en vin lors de la fermentation. Une fois terminée, le vin est séparé du marc (pellicules et pépins). Le vin qui s’écoule par gravité est appelé vin de goutte. Le pressurage du marc donne le vin de presse, plus riche en couleur et en tannins . pour la structure. Avec précision et rapidité d’exécution, Eric Boissenot pose des chiffres : « 80% de la cuve 11, 12% de presses… ». Le vin est modelé, habillé et embelli par touche harmonieuse. Modifiez l’assemblage ne serait-ce que d’1% et l’équilibre du vin change : il gagne ou perd en muscle, en caractère, en charme…
Comme le sculpteur fait naître du marbre un chef-d’œuvre, le viticulteur façonne le vin. Trouver l’équilibre où le vin dévoile sa plus belle expression est notre graal.

‘état d’esprit du viticulteur joue un rôle primordial dans l’élaboration du vin. Notre cœur et notre instinct boostent notre savoir-faire et nous mènent à constamment parfaire notre art. Notre philosophie ? Préserver le caractère du vignoble, traduire fidèlement le terroir dans le vin, l’élaborer et l’élever avec simplicité et minutie. En résumé, laisser le vin « être ». C’est sans doute pour cela qu’ils se distinguent par leur personnalité : le Château Taillefer est un vin de garde, dense, complexe et élégant tandis que Tauzinat l’Hermitage est un vin charmeur, d’une belle complexité aromatique.
‘état d’esprit du viticulteur joue un rôle primordial dans l’élaboration du vin. Notre cœur et notre instinct boostent notre savoir-faire et nous mènent à constamment parfaire notre art. Notre philosophie ? Préserver le caractère du vignoble, traduire fidèlement le terroir dans le vin, l’élaborer et l’élever avec simplicité et minutie. En résumé, laisser le vin « être ». C’est sans doute pour cela qu’ils se distinguent par leur personnalité : le Château Taillefer est un vin de garde, dense, complexe et élégant tandis que Tauzinat l’Hermitage est un vin charmeur, d’une belle complexité aromatique.

S’INSCRIRE
DANS LE TEMPS

Et demain ?

e Château Taillefer existe depuis 3 siècles, une parcelle est plantée pour 50 ans, il faut 3 ans pour élaborer une bouteille et attendre parfois 20 ans pour qu’elle soit bue… Combien de temps faudra-t-il pour que notre travail soit perceptible ? Lorsque j’ai repris la conduite des propriétés, je souhaitais faire bouger les lignes, mais je me heurtais à l’inertie du monde du vin. C’est en lisant “Le goût du vin” d’Emile Peynaud que j’ai compris : un grand cru, explique-t-il, c’est un terroir mais aussi la qualité et la constance, la notoriété et le prix. Le temps, égrené au fil des millésimes, est donc une composante nécessaire à l’édification d’un grand vin.
e Château Taillefer existe depuis 3 siècles, une parcelle est plantée pour 50 ans, il faut 3 ans pour élaborer une bouteille et attendre parfois 20 ans pour qu’elle soit bue… Combien de temps faudra-t-il pour que notre travail soit perceptible ? Lorsque j’ai repris la conduite des propriétés, je souhaitais faire bouger les lignes, mais je me heurtais à l’inertie du monde du vin. C’est en lisant “Le goût du vin” d’Emile Peynaud que j’ai compris : un grand cru, explique-t-il, c’est un terroir mais aussi la qualité et la constance, la notoriété et le prix. Le temps, égrené au fil des millésimes, est donc une composante nécessaire à l’édification d’un grand vin.
À suivre…